lundi, janvier 09, 2006


Un exemple de construction de faits sociaux: le tsunami et le séisme au Pakistan

Dans une actualité plus ou moins récente, on peut s'apercevoir que certains événements ont marqué les esprits, avec en tête de cette liste pour 2004/2005, le tsunami en Asie du sud-est. D'autres, au contraire, sont passés pratiquement inaperçus, dont le séisme au Pakistan d'octobre 2005.
Il y a plus d'un an maintenant, le 26 décembre 2004, un tsunami dévastait les côtes de plusieurs pays asiatiques et africains. Cette catastrophe a été abondamment couverte par les médias du monde entier, générant un raz-de-marée de dons historiquement sans précédent. Durant de longs mois, l'actualité se focalisait sur cet événement, reléguant les autres informations à des plans secondaires. Grâce à cette surmédiatisation, la campagne de collecte a reçu, en une semaine, six fois plus d'argent qu'en deux mois pour le Darfour. Cet afflux de dons devenait dangereux dans la mesure où les autres zones en grand besoin tombaient dans l'oubli: seulement quelques associations ont appelé à l'arrêt des dons pour cette catastrophe, limitant ainsi les abus de la population locale et des associations malintentionnées. A l'échelle de la France, les journaux télévisés se sont plus largement intéressés à la Thaïlande, n'étant pourtant que le quatrième pays le plus touché. Toutefois, il est vrai que ce pays est une destination touristique très prisée par les Français et entretient en même temps des relations privilégiées avec la France sur les plans économique et politique.
En opposition à cet engouement soudain, le séisme survenu au Pakistan a reçu une attention bien moindre. D'une magnitude de 7,6 sur l'échelle de Richter, faisant plus de 80 000 morts, des dizaines de milliers de blessés et près de 200 000 sans-abris, le séisme a très peu marqué l'actualité, alors que son ampleur était équivalente à celle du tsunami. L'affluence des dons ne s'est pas renouvelée: en effet, ils n'ont couvert que 60% des besions recensés. Cela est peut-être dû à un essoufflement de la générosité suite au tsunami. En outre, la catastrophe suppose des conséquences ultérieures avec en premier plan l'arrivée de l'hiver et un nombre de sans-abris considérable.
A travers ces deux exemples et leur disparité de médiatisation, il est facile de comprendre que la télévision ne nous dit pas comment penser, puisque nous sommes souvent en présence de différents points de vue, mais plutôt à quoi penser, en accordant plus d'importance à tel ou tel sujet.